Shadow banking

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ombre pieds sombre 123RF / Terrance Emerson

L'expression « « shadow banking » (finance de l’ombre) désigne l’ensemble des mécanismes de crédit faisant intervenir des entités ou des procédés non soumis à la réglementation bancaire de droit commun.

Au niveau mondial, le shadow banking représenterait environ 60 000 milliards de dollars selon une estimation réalisée par le FMI en 2014.

Selon les experts, cette finance de l’ombre représenterait près de la moitié du crédit « non bancaire » de l’ensemble des pays développés et une part importante des placements financiers (titrisation, hedge funds…).

En Europe, l’importance du shadow banking est limitée, car c’est le système bancaire qui alloue la plupart des financements à l’économie.

Acteurs du shadow banking

Derrière le shadow banking, on trouve les grands acteurs financiers impliqués dans des opérations de crédit à effet de levier et qui n’ont pas accès au refinancement des banques centrales. Ces acteurs échappent à la supervision prudentielle du Comité de Bâle. Y figurent essentiellement :

  • des banques d’investissement ;
  • des fonds spéculatifs (hedge funds) ;
  • des fonds d’investissement (fonds mutuels, fonds de pension, sociétés d’assurance) ;
  • des fonds de private equity (fonds spécialisés dans l’achat et la revente d’actifs non cotés sur les marchés financiers) et des véhicules spéciaux d’investissement.   

Tous ces acteurs ont émergé après la libéralisation financière intervenue dans les années 80 et le développement des marchés de gré à gré. Sur ces marchés non régulés, l’usage des produits dérivés permet aux investisseurs de profiter d’effets de levier considérables. La quasi-totalité des opérations y sont financées à crédit. Depuis les années 2000 et l’essor d'Internet, les acteurs spécialisés dans cette finance complexe se sont multipliés.

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Pays les plus concernés par le shadow banking

Selon le FMI, les États-Unis sont les plus exposés (de 15 000 à 25 000 milliards de dollars), suivis par la zone euro (entre 13 500 et 22 500 milliards) et les pays émergents (7 000 milliards). Les États-Unis, la zone euro et le Royaume-Uni détiendraient à eux seuls les trois-quarts des actifs classés dans cette catégorie. Mais, la « finance de l’ombre » progresse rapidement en Chine, en Inde, en Indonésie et en Russie.

Bon à savoir : cette estimation ne tient pas compte des sommes qui sont basées dans les paradis fiscaux.

Même si le shadow banking est peu important sur le vieux continent, cela n’empêche pas les banques européennes d’être très actives sur le marché off-shore à travers les filiales qu’elles détiennent à l’étranger.

Le modèle de la « banque universelle » leur donne en effet la possibilité de mener parallèlement une activité de banque de dépôt et une activité de banques d’affaires. À travers leurs filiales, certaines enseignes (UBS, Deutsche Bank…) jouent un rôle comparable à celui de banques américaines comme Citigroup, Goldman Sachs ou Morgan Stanley.

Rôle du shadow banking dans la crise de 2008

La crise financière qui s’est amorcée en 2007 aux États-Unis pour éclater en 2008 a révélé le rôle néfaste que le « shadow banking system » a joué lors de l’effondrement des marchés. Cette déréliction a commencé par la défaillance de nombreux fonds (Carlyle Capital…) et s’est poursuivie avec la banqueroute de Lehman Brothers, les difficultés des banques telles que Bears Stearns, Merrill Lynch, de l’assureur AIG, etc.

En Europe, les défaillances bancaires ont  touché Northern Rock (Royaume-Uni), Fortis (Belgique), Dexia (franco-belge), etc. Toutes ces banques ont été victimes de portefeuille de produits structurés surdimensionnés.

Rappel : les produits « structurés » sont des instruments financiers composés d’un compartiment assurant la protection du capital, et d’un autre, plus risqué, dont l’objectif est de doper le rendement du produit.

Après avoir baissé, en 2008, le montant des capitaux engagés, le shadow banking est reparti à la hausse en 2011. Son montant dépasse aujourd’hui le niveau qu’il atteignait avant la crise de 2008 : plus de 62 trillions de dollars (1 trillion = mille milliards).

Cet afflux de capitaux est notamment provoqué par les taux d'intérêt faibles ou négatifs dans les grands pays industrialisés. Ils incitent les investisseurs vers le circuit « parallèle » afin de trouver des rendements plus rémunérateurs.

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Régulation du shadow baking

Après la crise de 2008, la plupart des États ont tenté de réguler le shadow banking :

  • les États-Unis ont voté le Dodd and Frank Act (2010). Il limite la prise de risque des banques commerciales ainsi que leurs implications dans le shadow banking ;
  • au Royaume-Uni, un dispositif réglementaire a été adopté afin de protéger la banque de détail contre d’éventuels dégâts collatéraux provoqués par la banque d’affaires ;
  • en Europe, la directive MIF (Marchés d'Instruments Financiers), d’inspiration libérale, a été réformée (2011) afin que le négoce des produits dérivés se déroule sur des marchés organisés ;
  • au niveau mondial, le Comité de Bâle a accru (Bâle III) les normes prudentielles pesant sur les banques placées sous son autorité.

Rappel : la MIF est la loi européenne qui régit l'organisation des marchés financiers en Europe depuis 2007.

À noter : paradoxalement, cette régulation pourrait renforcer les attraits du shadow banking, car le durcissement des régulations bancaires pousse les banques à se tourner vers le marché de gré à gré, beaucoup moins coercitif.

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