
Le risque de transformation se produit en cas d’écart important entre les différentes maturités des créances et des dettes d'un organisme financier.
Il apparaît quand des actifs à plus de 12 mois (par exemple un crédit hypothécaire à 20 ans) sont financés par des ressources à court terme.
Ce risque de transformation véhicule à la fois un risque de liquidité et un risque de taux.
Définition du risque de transformation
Le système bancaire fait appel à des ressources à court terme, qu'il replace en partie dans des prêts à long terme ou en titres d'État.
Ainsi, une banque peut financer sa production de crédits immobiliers hypothécaires – dont la durée s’étale généralement sur 15/20 ans – en empruntant de l’argent tous les trois mois sur le marché interbancaire pour se refinancer.
Elle finance donc la dette à long terme d’un particulier avec des ressources de court terme.
Bon à savoir : pour elle, cette technique est intéressante. Dans un contexte de taux conventionnel, le loyer de l’argent à long terme et plus élevé que celui à court terme.
Exemple : une banque empruntant sur le marché monétaire (par exemple à 0,5 %) pour reprêter l’argent à ses clients à 2 % réalise donc une marge plus importante que si elle empruntait directement ses ressources à long terme.
Le risque de transformation met donc en relief le risque de liquidité lié au financement à court terme d'investissements à long terme et débouche sur deux problèmes potentiels, un risque de liquidité et un risque de taux.
Risque de transformation et risque de liquidité
Le risque de liquidité tient au fait qu’en cas d’évènements graves, les clients peuvent tenter de retirer plus de fonds que prévu et que la banque ne puisse honorer ces demandes faute de disponibilités suffisantes.
En effet, les banques transformant les dépôts à court terme (l’argent qui sommeille sur les comptes bancaires des clients) en prêts à moyen ou long terme, elles risquent de ne pas pouvoir répondre à la demande de liquidité. Cela peut arriver si le déphasage entre les sommes prêtées et les dépôts dont elles disposent est trop important.
Ce risque de liquidité doit donc être évalué au cas par cas en calculant le temps et le prix que la banque devra payer si elle est confrontée à des retraits importants.
Pour limiter ce risque de liquidité, les banques doivent se plier à certaines normes prudentielles. Elles doivent notamment respecter un ratio de liquidité à court terme (LCR). Il les contraint à disposer d’un niveau d’actifs liquides pouvant être rapidement convertis en liquidité.
Ce niveau de liquidité doit suffire pour couvrir les besoins durant 30 jours en cas de graves difficultés de financement.
Bon à savoir : le ratio de liquidité à court terme des banques est doublé par un ratio de liquidité long terme. Il porte sur le traitement des financements équilibrant l’actif et le passif à court terme, et l’analyse des actifs et passifs ayant une échéance à moins de 1 an.
Les assureurs vie qui placent les cotisations de leurs clients sur des actifs à long terme, peuvent aussi être confrontés à une crise de liquidité. C’est la raison pour laquelle la loi Sapin II adoptée en novembre 2016 autorise la banque de France à bloquer les retraits sur les contrats d’assurance-vie (en euros ou unités de compte) si une « menace grave et caractérisée » du système financier se produit.
Autorité de contrôle prudentiel Lire l'article
Risque de taux et risque de transformation
Le risque de transformation inclut aussi le risque de taux d'intérêt. Ce risque réside surtout dans la compression des marges bancaires qui, si elles deviennent insuffisantes, peuvent entraîner des problèmes de rentabilité.
En effet, les banques qui empruntent à court terme reprêtent ensuite, on l’a vu, cet argent à un taux plus important, ce qui leur permet d’encaisser une marge nette une fois l’ensemble de leurs fais payés. Or plus le niveau des taux d’intérêt à long terme se rapproche de celui des taux à court terme – ce qui est le cas dans un contexte de baisse des taux –, plus cette marge d’intermédiation s’érode.
Bon à savoir : cette baisse a un impact négatif sur le rendement des fonds propres bancaires. Cette menace est la composante essentielle du risque de taux.