La masse monétaire désigne la quantité de monnaie en circulation dans une économie afin qu’elle puisse satisfaire à ses besoins monétaires courants.
En Europe, cette masse monétaire est mesurée grâce à des indicateurs statistiques (agrégats) fixés par la Banque centrale européenne (BCE). En France, on distingue quatre agrégats monétaires : M1, M2, M3, M4.
La masse monétaire ne doit pas être confondue avec la « base » monétaire, qui désigne les billets et les pièces en circulation ainsi que les avoirs monétaires détenus par les banques auprès de la banque centrale.
Masse monétaire : définition
Depuis Aristote, la monnaie est caractérisée par trois fonctions :
- Elle sert d’étalon aux valeurs des biens et des services, et permet les calculs nécessaires à leur échange tout en permettant de fixer un prix des biens et services.
- C’est un moyen de règlement grâce auquel on évite les inconvénients du troc.
- C’est une réserve de valeur (thésaurisation).
La masse de monnaie utilisé pour remplir ces trois fonctions est composée de l’ensemble des billets, des comptes de dépôt et de tous les placements que l’on peut transformer en argent liquide (livrets d’épargne, comptes à terme, etc.).
Bon à savoir : les placements à long terme (PEL, obligations…) et les placements « risqués » (valeurs mobilières) sont exclus de cette masse monétaire.
La masse monétaire évolue en fonction des besoins et des résultats de l’activité économique, et cela grâce aux banques commerciales, qui créent constamment de la monnaie, par exemple en accordant des crédits (monnaie scripturale).
Bon à savoir : depuis la crise de 2007-2008, on estime que la quantité de monnaie émise par les quatre grandes banques centrales (USA, Europe, Chine et Japon) a triplé. Elle représenterait désormais 30 % du PIB mondial, contre 10 % il y a une quinzaine d’années.
Composition de la masse monétaire
La masse monétaire est mesurée par les « agrégats » M1, M2, M3 et M4. Ces agrégats correspondent à des définitions plus ou moins larges de la monnaie. Très forte en M1, la liquidité diminue pour atteindre son niveau le plus faible en M4.
Agrégat M1
L’agrégat M1 est le plus restrictif. Il contient seulement l’ensemble des pièces et des billets en circulation ainsi que les dépôts à vue domiciliés auprès des banques (comptes courants), c’est-à-dire les avoirs les plus liquides.
Agrégat M2
L’agrégat M2 correspond à M1 + les dépôts sur livrets et les crédits à court terme. La liquidité reste forte dans cet agrégat, qui englobe notamment les dépôts à terme d’une durée inférieure à deux ans ainsi que les dépôts remboursables avec préavis d’une durée inférieure ou égale à trois ans.
Agrégat M3
L’agrégat M3 égale M2 + divers placements monétaires. Soit, principalement, les dépôts à terme d’une durée supérieure à deux ans, les OPCVM monétaires (Sicav, FCP…) et les pensions. L’agrégat M3 est l’indicateur le plus étoffé relatif au crédit bancaire.
La caractéristique commune des différents placements de l’agrégat M3 est que tous figurent parmi les moins « liquides » de la masse monétaire : ils ne peuvent être convertis en monnaie qu’à condition de respecter un certain délai.
Agrégat M4
L’agrégat M4 comprend M3 + certains titres du marché monétaire (billets de trésorerie et bons du Trésor). M4 est un agrégat monétaire qui n’est pas retenu par l’ensemble des banques centrales, dont la BCE, qui se limite à M1, M2 et M3 ainsi qu’aux « agrégats de placements ».
Rappel : on distingue trois agrégats de placements. Ils correspondent aux volumes de monnaie mobilisés dans des opérations d’épargne plus ou moins liquides (selon leur durée). D’une certaine façon, ces agrégats de placement correspondent à la masse monétaire vue à l’envers.
Masse et base monétaires
Le volume de la masse monétaire est contrôlé par les banques centrales. Celles-ci ont une influence directe sur la quantité de monnaie en circulation grâce à leur maîtrise de la « base monétaire », aussi appelée « monnaie centrale ».
De quoi s’agit-il ? Cette « base » correspond à la monnaie créée directement par les institutions monétaires (pièces + billets de banques) et aux réserves obligatoires que les banques commerciales doivent constituer auprès d’elles.
Les banques centrales jouent notamment sur le montant de ces réserves pour réguler la création de monnaie : elles accroissent leur niveau lorsqu’elles souhaitent réduire la masse monétaire en circulation ou, au contraire, l’allègent pour injecter des liquidités dans l’économie.
Rappel : depuis la crise de 2007, la plupart des banques centrales ont ouvert les vannes de la liquidité monétaire pour relancer la croissance et lutter contre le risque de déflation. Entre 2007 et 2010, la « base » monétaire est, par exemple, passée de 8 à 24 % du PIB mondial, et l’agrégat « M2 » de 62 à 95 %.