Le credit crunch désigne l'un des phénomènes financiers les plus dangereux pour l’économie : la pénurie de crédit.
En période de crise, les banques sont réticentes à l'idée de se prêter de l’argent entre elles et renâclent aussi à accorder des crédits aux entreprises et aux ménages.
En conséquence, même les emprunteurs solvables n'arrivent pas à obtenir de crédits, ou seulement à des conditions déraisonnables et, faute de financement, l’ensemble de l’économie se paralyse. Faisons le point maintenant.
Credit crunch : une mécanique infernale
Le credit crunch est assimilable à un rationnement quantitatif de l’offre de crédit bancaire, indépendamment du taux que l'emprunteur est prêt à payer pour contracter un crédit.
Son corollaire est une forte hausse des taux d’intérêt réels (inflation déduite). À mesure que le climat de défiance se généralise, les taux grimpent. Le prix de la ressource financière devient inabordable.
Une fois lancé, ce processus a tendance à s’autoalimenter. La contraction du crédit provoque celle de l’activité économique qui suscite à son tour l’aggravation des risques de défaut de paiement. Ces risques incitent les financeurs à réduire encore davantage l’offre de crédit pour limiter leur exposition, etc.
Le credit crunch est souvent associé à une panique bancaire (bank run) : les épargnants se précipitent aux guichets des banques pour retirer leurs dépôts.
Le credit crunch intervient lorsque des tensions financières entraînent la méfiance des prêteurs ou à l'occasion d'une défaillance bancaire, comme celle de Lehman Brothers, le 15 septembre 2008. La faillite de cette banque d’investissement américaine, incapable de faire face à près de 620 milliards de dollars de dettes, a déclenché la crise financière et économique la plus violente depuis les années 30. Et le plus fort resserrement du crédit jamais observé dans les statistiques de la Réserve fédérale depuis 1935.
Ce credit crunch planétaire n’a pu être endigué que grâce à l’action des banques centrales. Elles ont injecté l’équivalent de centaines de milliards de dollars dans le système financier afin de l’alimenter en liquidités.
Parmi les autres grands exemples de credit crunch figurent celui des banques japonaises, victimes de l’éclatement de la bulle boursière et immobilière qu’elles avaient elles-mêmes créée dans les années 90, ou encore celui de la crise nordique des années 90.
Bon à savoir : après la crise de 2008, le système bancaire mondial a durci ses règles prudentielles (Accords de Bâle III, publiés le 16 décembre 2010). Selon certains observateurs, ces règles, qui devraient s'appliquer vers 2018, risquent de provoquer un credit crunch en incitant les banques à stocker du capital plutôt qu’à le prêter.
Moyens de prévention du credit crunch
Dès que les prémices d'un credit crunch apparaissent, les États prennent des mesures préventives pour éviter le blocage des marchés financiers et l’asphyxie de l’économie réelle.
Parmi les moyens à leur disposition, on relève principalement :
- L’augmentation des facilités de refinancement des banques centrales, qui baissent leurs taux directeurs afin de favoriser les flux de liquidités et d’alimenter la machine à crédit. Au niveau européen, 589 milliards d'euros de liquidités ont, par exemple, été apportés aux banques en 2011 lors des opérations de refinancement à trois ans menées par la Banque centrale européenne (BCE). Selon Mario Draghi, président de la BCE, ces injections de liquidités ont permis d’éviter un credit crunch « majeur ».
- L’octroi de garanties publiques aux nouveaux crédits interbancaires afin de rétablir un climat de confiance. En 2008, l’État français a ainsi apporté sa garantie à un véhicule de refinancement des banques à hauteur de 300 milliards d'euros.
- La recapitalisation des banques et des entreprises en difficulté via des prises de participation publiques ou des nationalisations temporaires. En 2008, la banque Northern Rock, touchée par la crise du crédit hypothécaire, a par exemple été temporairement nationalisée par le gouvernement britannique. De son côté, Paris a injecté 10,5 milliards d’euros dans le Crédit Agricole, BNP Paribas, la Société Générale, le Crédit Mutuel, les Caisses d'épargne et les Banques populaires. Ces sommes ont été remboursées par les banques en 2011.
Pour aller plus loin :
- Toutes les infos relatives aux crédits bancaires sur notre page.
- Taux fixe, taux variable, taux effectif global... Dur de s'y retrouver dans les taux bancaires ! On vous explique tout.
- Quelles sont les particularités d'une banque d'investissement ?