Aléa moral

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Ce concept est issu du monde des assureurs. Ces derniers ont cherché à savoir si les comportements de leurs clients pouvaient être influencés par l’existence des contrats les protégeant contre divers types de risques. L’idée sous-jacente est qu’une couverture d'assurance trop généreuse a pour effet d'accroître l'exposition au risque, la prévention devenant moins utile aux yeux du contractant.

Par extension, la notion d’aléa moral concerne aussi les risques excessifs que peuvent prendre les acteurs du monde financier.

Naissance de la notion d’aléa moral

La notion d’aléa moral a été introduite au XVIIe siècle par l’économiste écossais Adam Smith (1723-1790) qui est considéré comme le père de l’économie politique. Selon lui, l’aléa moral apparaît lorsque la recherche de l’intérêt individuel est si forte qu’elle méconnaît l’impact négatif d’une décision sur « l’utilité collective ».

En assurance, l’aléa moral revient à dire qu’un assuré peut augmenter sa prise de risque dès qu’une police le met à l’abri des conséquences négatives d'un sinistre. En d’autres termes, les efforts d’un assuré pour éviter un risque sont proportionnels au niveau d'indemnisation qu’il peut espérer.

Exemple : une motocycliste n’achetant qu’un antivol de pacotille au motif qu’il sera remboursé si son deux-roues disparaît fait jouer l’aléa moral.

C’est pour limiter ce risque que les assureurs fixent un niveau d’effort minimal, par exemple des normes de construction. L’objectif est de responsabiliser l’assuré. Si celui-ci, par exemple le promoteur, ne respecte pas ce taux d’effort minimal, il ne sera pas indemnisé.

Bon à savoir : les assureurs distinguent l’aléa moral de « l’anti-sélection ». Cette dernière intervient lorsqu’un assureur est dans l’impossibilité d’évaluer le degré d'exposition de ses clients à un risque, bien qu’il diffère selon les individus.

Notion d’aléa moral et son élargissement

Dans un article de 1963 consacré à l’économie de la santé, le Prix Nobel K. J. Arrow estime que c’est au gouvernement qu’il appartient de fournir une couverture dans les domaines où le « marché » ne se manifeste pas.

La santé est effectivement un bon exemple d'aléa moral puisque les dépenses résultant de la transaction entre le patient et son médecin échappent au contrôle de l'assureur.

À noter : le rôle des pouvoirs publics ne se limite pas au seul secteur de l’assurance maladie. Catastrophes naturelles, risque systémique, risque financier ou encore principe de précaution : l’État ne cesse d’étoffer sa culture du risque, notamment en ce qui concerne les risques nouveaux.

Cette attitude encourage-t-elle l’aléa moral ? Pour les économistes libéraux, la réponse est oui, notamment lorsqu’il s’agit des marchés financiers. D’après eux, l’aléa moral suscité par l’assurance que l’État apporte au secteur bancaire est réel. Il mène à une sous-évaluation du coût réel du risque.

Trois types d’aléa moral

Selon une récente étude de la banque de France, on peut distinguer trois types d’aléa moral bancaire :

  • les incitations à la prise de risque liée à la garantie des dépôts illustrent l’aléa moral induit par les filets de sécurité publics ;
  • les problèmes d’aléa moral (plus significatifs) résultant de la quasi-certitude des agents que l’État soutiendra les banques, à commencer par celles considérées comme systémiquement trop importantes pour faire faillite (« too big to fail ») ;
  • l’aléa moral du débiteur souverain, particulièrement préoccupant dans une zone économique où l’intégration financière est poussée.

Bon à savoir : pour évacuer cet aléa moral bancaire, certains analystes se prononcent en faveur de la suppression des banques centrales.

Depuis, de nouveaux accords (Bâle III) ont été ratifiés afin de renforcer la sécurité et la solidité du système bancaire. De même, la nouvelle directive MIFID de 2014 confère des pouvoirs accrus à l'Autorité européenne de supervision des marchés (ESMA) pour limiter les prises de position spéculatives (encadrement du trading à haute fréquence, etc.).

Pour approfondir :

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